3 - La genèse de mon deuxième roman

Voici le début de la première version de "Ludovic et le voleur de regard" :

Le vide l’attirait. Impossible de se détourner. Un bourdonnement lui emplissait les oreilles. Il se sentit aspiré, comme hypnotisé par la perspective des marches qui se déployaient sous lui dans un tourbillon mortel. C’était trop tard. Il eut l’impression pendant quelques secondes qu’il allait tomber, s’écraser de plusieurs étages sur le sol et éclabousser de son sang les murs du hall d’entrée. La tête lui tourna, un haut-le-cœur lui donna envie de vomir mais dans un ultime effort, au lieu de partir tête la première par dessus la rampe de l’escalier, il se retrouva sur le palier, le corps tremblant, agité comme un peuplier dans la tempête.

Il n’avait pas sauté, il était en vie.

Depuis toujours, Ludovic était sujet au vertige, mais comme il ne se confiait pas, Simone, sa mère, n’en savait rien. Il avait entendu dire qu’il serait tombé de ses bras alors qu’il n’était qu’un nouveau-né.

C’était la première fois qu’il montait au dernier étage pour épousseter le lustre que Simone, concierge de l’immeuble haussmannien dont elle avait la charge, refusait de nettoyer et il comprenait pourquoi. Par contre, il ne comprenait pas comment il avait pu descendre de l’escabeau sans s’étaler de tout son long sur le palier. Une chose était sûre, il se tenait contre la porte d’un appartement ou plutôt c’était la porte qui le tenait, heureux d’avoir échappé à la mort. Il jeta un regard mauvais au lustre, pas suffisamment sale pour qu’il risque sa peau à nouveau. Il prit alors conscience de la dangerosité de cette activité. Ludovic se dit que les femmes de ménage devraient être reconnues comme faisant un métier à risques. Le cœur battant et le souffle court, il eut un profond respect pour tous ces anonymes, cette armée de nettoyeurs vaillants, corvéables à merci dont sa mère faisait partie.

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